Chaque année, le Studio Alpha (Tournai, Belgique – Villeneuve d’Ascq, France) donne cours de « comédie musicale » et crée un spectacle avec ses élèves de tous âges. On a voulu en savoir plus en rencontrant Charlotte Van Coppenolle, qui assure la direction artistique.

 

 

Alors c’est quoi le STUDIO ALPHA ? Commençons par les enfants.

C’est effectivement une école de comédie musicale. On met en présence les élèves des trois disciplines qui permettent de faire des comédies musicales, c.à.d. le jeu d’acteur, la danse, le chant.

On encourage vraiment la pluridisciplinarité mais parfois il y a des enfants qui veulent juste faire du chant et du théâtre, par exemple.

A la carte ?

A la carte, mais forcément deux activités. Ils ont le choix entre « chant et jeu d’acteur » et « danse – théâtre ». Ça c’est pour les enfants et les ados. Et ceux qui veulent peuvent aussi suivre « art plastique ».

Pas d’atelier chant-danse en même temps, donc.

 

Non, ça c’est pour après.

Mais donc pour le même atelier, « chant et théâtre » par exemple, ils ont deux profs, qu’on n’appelle pas profs d’ailleurs mais « artistes invités ». Ils ont donc une chanteuse et une comédienne.

Pendant le premier mois et demi, ils travaillent avec la chanteuse, puis le mois et demi qui suit avec la comédienne.

Sur la même chose ?

Sur les bases. Ils travaillent aussi sur les chansons qu’ils feront plus tard dans l’année mais ils travaillent surtout sur les bases du jeu d’acteur : l’écoute, la pose de voix, les impros, etc.

Puis c’est du travail en alterné avec la chanteuse pour préparer le spectacle.

Ils ont parfois les deux profs en même temps ?

Oui mais plutôt vers la fin.

Tu peux nous préciser les âges pour ces groupes « enfants / ados / adultes » ?

3ème maternelle – 1ère primaire : les p’tits loups

2è et 3è primaire : mini

4è et 5è primaire : kids

6è primaire – 1ère secondaire : junior

Ensuite : les ados, puis les adultes.

C’est un peu comme une académie ?

Oui, à la différence que même les enfants qui ne choisissent que un cours auront forcément deux disciplines puisque chaque atelier est pluridisciplinaire.

Alors, les appellations « primaire, secondaire », ça concerne la Belgique mais le Studio Alpha est à Tournai, assez proche de la France. Vous accueillez les Français aussi ?

 

Oui ! Surtout qu’on ouvre une section en France, à Villeneuve d’Ascq. C’est notre première année là-bas donc on ouvre l’atelier chant-théâtre ; pas encore de danse.

Est-ce que le cours de danse est très orienté « comédie musicale » ?

 

Oui, c’est orienté comédie musicale, même s’il y a plusieurs styles. Jazz, moderne, hip-hop. C’est varié, énergique et orienté vers l’interprétation. Il y a de la technique, bien sûr, mais c’est de la danse « expressive » pour la comédie musicale.

Et les ados ?

Et les ados travaillent un peu différemment. Ils peuvent faire du chant, ou de la danse, ou du théâtre. Ils ne sont pas obligés de faire des doubles disciplines parce qu’à cet âge-là, ils ont besoin et ont les capacités pour faire des choses plus techniques.

Le but étant de faire un spectacle pluridisciplinaire à la fin de l’année, les ados doivent-ils alors prendre plusieurs ateliers ?

On adore les ados qui le font, certains font les trois. Mais ceux qui ne connaissent pas bien l’univers de la comédie musicale ou qui chantent mais ont peur de danser… peuvent ne suivre qu’une seule discipline. Beaucoup font au moins deux ateliers. Puis le spectacle mélange les élèves : ceux qui n’ont fait que du théâtre ne font que jouer. Souvent, d’ailleurs, à la fin de l’année, ceux qui n’ont fait qu’une seule discipline se disent « aaaah mince ! »

Y a-t-il une audition pour entrer dans l’école ?

Pour les adultes oui, pas les ados. On demande que les ados qui font du chant aient déjà une certaine justesse et qu’ils aient envie.

Comment un ado sait-il s’il chante juste ?

S’il ne sait pas du tout, il peut me téléphoner (rires). Il peut faire un cours d’essai, bien sûr. Ce n’est pas tellement une question de niveau que d’envie d’apprendre.

Donc quelqu’un qui chante faux mais qui est très motivé, il entre ? (rires)

 

Qui chante vraiment faux, c’est compliqué. On fait quand même de la polyphonie. Il y a des élèves qui chantent « pas dingue » mais on n’a jamais eu d’élèves vraiment « faux ». La sélection est aussi une forme d’orientation : « voilà l’atelier qui va te convenir », etc.

Et les adultes, pour finir ?

Pour eux, la structure est très différente car l’idée c’est d’offrir aux gens un contexte pour pratiquer le théâtre musical en conditions réelles. On envisage ça comme une troupe dont le but est de monter des spectacles et les jouer.

Vous remontez d’ailleurs en octobre prochain le show de l’an dernier.

 

Oui tout à fait.

Notre objectif c’est qu’ils puissent appliquer en jouant tout ce qu’ils apprennent en cours techniques. On ne fait pas un an de cours pour 2 spectacles. Ils ont deux trimestres de cours et un « trimestre » de représentations. Ils jouent pendant deux mois et découvrent la vie de troupe, l’entraide, le montage des décors, la régie… Le spectacle se construit avec eux. Je n’arrive pas avec des idées arrêtées avant le début de l’année.

Cela demande un gros engagement. Il faut avoir très envie ! (Rires)

Les répétitions s’organisent sous forme d’ateliers. Soit un atelier par semaine, soit deux, soit trois. La base de l’école, c’est l’atelier qu’on appelle « ensemble », qui mélange le chant et la danse. Ils travaillent avec une chorégraphe et une chanteuse qui monte des polyphonies. Le but est de retrouver l’esprit du chœur de comédie musicale où ça chante, danse, joue.

Il y a aussi un atelier théâtre qui prend en charge les personnages plus parlants, les scènes plus « solos ».

Tu reprends le spectacle de mai dernier avec les élèves de l’an dernier. Intègres-tu les élèves adultes de cette année ?

Si on est amené à reprendre un spectacle, c’est avec la distribution première. Mais la troupe adulte de STUDIO ALPHA n’est plus celle-là. Tous les ans, elle évolue. Certains partent et d’autres arrivent.

Et pendant ces deux mois de spectacle, l’école, toi, vous organisez les cours et les spectacles des autres sections !

C’est ça. Pendant qu’ils jouent trois fois par semaine !

Est-ce possible de suivre tes ateliers et ne pas vouloir participer au spectacle ?

Impossible. C’est une école du spectacle. On nous demande souvent des cours de chant mais on ne donne pas de technique sortie du contexte. Les ateliers sont réservés aux gens qui font les spectacles.

Et si on veut être soliste, d’emblée ?

Il y a l’atelier « ensemble de solistes » pour les adultes. On rassemble les personnes susceptibles de chanter des solos, mais qui peuvent aussi chanter en petit ensemble. Il n’y a pas de politique de premier, second rôle, etc. On demande alors que les gens aient une certaine maîtrise. Mais de toute façon, les solistes font partie des cours d’ensemble. Personne ne vient travailler « trois solos et puis s’en va ».

Qu’est-ce que vous montez cette année ?

Cette année, avec les enfants, on fait Matilda ; Charlie et la Chocolaterie ; les petits travaillent sur les chants traditionnels français, les comptines plus ou moins connues ; on fait une adaptation du conte de Claude Steiner Le Conte Chaud et Doux des Chaudoudoux, assez connu dans les écoles, une très belle histoire sur les mots doux.

Avec les ados, on va travailler sur Moulin Rouge, qu’on va mélanger avec le film French Cancan de Renoir.

Donc des spectacles qui existent déjà ET des spectacles créés ?

Même pour Matilda et Charlie, on va voir comment l’œuvre réagit aux enfants et l’inverse : elle est susceptible de se tordre. On prend des libertés, notamment par pédagogie. Pour les adultes, c’est vraiment de la création. L’idée est d’écrire un spectacle sur mesure pour la troupe.

Est-ce que les élèves qui aiment la comédie musicale parisienne vont trouver leur bonheur ? Mozart, Le Roi Soleil, Les 10 Commandements, …

On a déjà fait une chanson de Mozart, deux chansons des 10 commandements. Il y a des choses jolies parfois dans ces spectacles. On fait d’ailleurs de la pop de temps en temps, des chansons qui ne viennent pas de comédies musicales qui sont… mise-en-scèneisées (rires). Il faut juste qu’elles donnent la possibilité d’un jeu d’acteur juste et sensible.

Après, la manière commerciale de faire la comédie musicale à la française ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, dans la manière anglo-saxonne, c’est que c’est d’abord du théâtre…qui est musical. Je trouve ça plus riche. En France, c’est d’abord de la musique.

Si on parlait des profs de ALPHA ?

Tous les ateliers sont donnés par des artistes invités qui maîtrisent deux disciplines. Le chant est donné par une chanteuse-comédienne, la danse est donnée par une danseuse-actrice.

Je tiens à dire que tout est accompagné avec musique live ! Notre musicienne pluri-instrumentiste est là une semaine sur deux pour construire le spectacle avec eux. Bon, sauf le cours de danse qui ne peut pas avoir une pianiste à chaque fois.

J’entends donc que les « profs » ne sont donc pas que prof dans la vie, et ils ont plusieurs cordes à leur arc. On finit par toi ?

 

Ma formation de base, c’est le théâtre, depuis enfant. Ensuite, ayant toujours aimé la musique, j’ai eu cet élan de chanter donc j’ai fait une formation de chant. Je me suis rendue compte que le chant m’intéressait dans la mesure où il raconte une histoire. Je me suis alors tournée vers le théâtre musical.

Le théâtre, c’est formidable, mais le théâtre musical permet d’amplifier le ressenti du public. Ça m’intéresse au niveau du relief d’un spectacle, aussi en tant que spectateur. Puis, les prodiges techniques « danse-chant » de la scène anglo-saxonne m’impressionnent car ils sont toujours au service d’une œuvre théâtrale. Certes, parfois moins dense que dans du théâtre pur, quoique…

Et tu te formes encore à Londres, n’est-ce pas ?

Oui, là je vais chercher de la technique vocale. J’ai d’ailleurs besoin de me nourrir, de chanter, de jouer, pour pouvoir enseigner tout ça.

Pour résumer tout ça : pourquoi s’inscrire au Studio Alpha, en plus du fait que les profs sont des artistes actifs, que les cours sont pluridisciplinaires et qu’on travaille avec musique live ?

On essaie que ce soit un mélange de technique et de créativité. C’est aussi apprendre à vivre quelque chose tous ensemble. Et c’est une structure « unique » : c’est ce que c’est parce que « ces gens-là, à ce moment-là, dans ce lieu-là ». On est international : les profs ont différentes nationalités, les inspirations viennent d’ici et d’ailleurs. On est très exigeants et à la fois très à l’écoute. On est ensemble : « profs » et élèves ne sont pas séparés.

Merci beaucoup Charlotte.

 

Pour les informations d’inscriptions et les détails techniques, suivez ces liens !

LEUR SITE http://www.studioalpha.be/

LEUR PAGE FACEBOOK https://www.facebook.com/studioalpha.be/

Retrouvez-y Charlotte, Joanne Deom (chant), Alix de Beaufort (danse), Alice Derdeyn (instrumentiste) et les autres intervenants du Studio Alpha pour une année toute en spectacle !

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Toutes les photos sont propriétés de Alpha Studio, sauf la Comédie Musicale Matilda : David Farquhar