Hé oui ! Ce 24 janvier 2016, c’est le lancement de mon premier défi, à savoir “écrire un petit article par jour sur la création d’un spectacle musical avec des étudiants du supérieur”.

En effet, à partir de ce dimanche, je co-anime avec deux consoeurs un atelier de création de spectacle de type comédie musicale. Nous avons en face de nous une trentaine d’étudiants ou de jeunes professeurs (tous dans la vingtaine ou presque, donc) d’une haute école, toutes sections confondues.

Si je devais donner un titre à ce premier article du défi … :

Gérer la création de spectacle de jeunes adultes motivés

Ou comment répondre aux desiderata de chacun tout en gardant la cohérence et l’intérêt du show comme objectif

La première inquiétude de tout qui doit s’occuper d’un spectacle de jeunes adultes : les horaires et les compétences.

Grâce à l’organisatrice de cet atelier d’une semaine (et un peu grâce à la chance –  comptez absolument sur elle), nous allons pouvoir suivre quasi tous les étudiants tous les jours de la semaine. Étant donné qu’ils ont TOUS un bagage différent, (que ce soit au niveau théâtre, écriture, improvisation, jeu à l’instrument, lecture de partitions, etc.), il est INDISPENSABLE que vous tabliez sur un horaire du “tout le monde tout le temps”, contraignant mais plus “facile” à gérer.

Bien sûr, ce ne sera jamais possible 😉 mais visez la lune pour atterrir sur les étoiles.

Une fois que vous avez l’horaire de créations, essayez d’en savoir le plus possible sur vos créateurs. Excel est votre ami. Compétences en chant, en chant d’ensemble (tenir une harmonie), en rythme, en théâtre, en impro, en écriture, en organisation, en coulisses, en danse, en relationnel, en instruments, etc. Confrontez les horaires et les compétences et voyez les possibilités. Comme ce sont les élèves qui vont créer, ils devront aussi, plus tard, se servir de ce tableau. Si vous êtes du métier du spectacle, vous vous doutez que pour savoir exactement ce que chacun sait/peut/veut faire, quelques tests sont bons à prévoir.

Dans notre cas, nous avions découvert les élèves auparavant, en novembre 2015 donc 2 mois avant l’atelier d’une semaine, pour tâter le terrain, savoir ce qu’ils attendaient de leur création et ce qu’ils voulaient en retirer. Essayez, tant que possible, de prévoir un pareil moment “préalable” au gros du travail, pour que tant animateurs et animés sachent dans quoi ils s’engagent. Mais puisqu’un tel travail de création ne peut se faire sans un lot d’émotions très propres à chaque individu, faites comme nous et ajoutez une couche à cette prise de connaissance : demandez aux jeunes de choisir une chose (ou deux) qu’ils ne veulent ABSOLUMENT pas faire sur scène. Dans une comédie musicale, par exemple, difficile de concevoir un chanteur qui ne joue pas la comédie.

Revenons à ce dimanche 24 janvier. Aujourd’hui, nous avons voulu commencer par une conscience de groupe et une conscience du “lâcher prise” que tout interprète et/ou créateur doit expérimenter. Comme tous ne se connaissaient pas, des exercices de prénoms liés à l’énergie et aux réflexes ont lancé notre journée. Ensuite, nous nous sommes tout de suite “rendus ridicules” en jouant aux larves (les élèves se traînaient en effet par terre en incarnant ce bel animal). Le ridicule ne tue pas, il est même souhaité dans ce genre d’atelier, où l’on veut que chacun se laisse aller à son plus beau potentiel.

Avant de commencer les ateliers proprement dits, nous avons mis tout le monde au courant de notre vocabulaire. Qu’est-ce qu’une comédie musicale ? Puisqu’un spectacle musical a été monté l’année dernière par l’école dans le même cadre (mais plutôt en reprises musicales qu’en créations) il était bon de redéfinir certains points. Nous avons notamment parlé de la différence entre les musicals anglo-saxons et les spectacles à la française. Animateurs, soyez clairs sur vos attentes pour les confronter à celles de vos animés.

Au début, une proposition d’histoire a été lancée par un élève rôdé en écriture. Nous avons fait le tour de la table pour savoir si elle intéressait tout le monde. Des idées ont fusé de tous bords. Il est important, quand vous animez un grand groupe, de bien gérer la prise de parole ; calmer les plus dégourdis et extorquer les informations aux plus timides, qui ont souvent de bonnes idées aussi.

Ça part dans tous les sens ? C’est normal. Une idée naît d’une idée, qui naît d’une autre idée, etc. Votre rôle : canaliser.

Les ateliers ont alors commencé. Atelier de création de trame avec la metteuse en scène, Sarah Cerri, atelier de création d’histoire avec la co-metteuse et responsable chant, Natacha Kowalski, et atelier “ingrédients qui pimenteraient l’histoire” avec moi-même.

Est venue ensuite l’étape de confrontation. Chaque groupe lit ce qu’il a imaginé comme trame ou éléments, à tour de rôle, sans être interrompu. Puis, la réflexion et la confrontation des idées reprennent. Nous notons tout.

Étape indispensable quand vous créez en si peu de temps : il faut trancher. C’est souvent l’animateur, s’il est de métier, qui va lier les informations et les idées reçues des différents groupes pour “voir si elles collent”. Pour notre atelier, on a eu à nouveau de la chance, car la plupart des idées et des propositions ont pu s’intégrer dans l’histoire de départ, qui, certes, a un peu changé en cours de route mais n’a pas perdu son identité.

Si vous avez l’occasion, animateurs, isolez-vous pour prendre ces premières décisions. C’est la première fois où vous allez peut-être volontairement écarter de pourtant belles idées du projet. Les plus susceptibles le prendront peut-être mal mais si vous avez bien préparé votre groupe, ça devrait bien se passer.

La suite de notre journée : nous avons d’abord exposé notre trame révisée en fonction de toutes les idées. Nous avons veillé à ce que chacun la comprenne. A partir de cette trame, nous avons sélectionné 5 passages “sans chronologie” (c’est-à-dire des moments du spectacle qui, à priori, peuvent susciter l’imagination des auteurs sans qu’ils aient de place définie dans la chronologie de l’histoire).

Ces 5 passages ont été travaillés par 5 petits groupes qui ont écrit les saynètes. Pendant ce temps, je donnais une leçon accélérée de composition de chanson au groupe restant des instrumentistes, leçon axée sur quelques ingrédients principaux des comédies musicales en termes purement musicaux. A nouveau, mon défi à moi était de m’adresser à des gens issus de traditions et d’apprentissages très différents : les autodidactes, les lecteurs de partitions, de tablatures, d’accords, les instinctifs, les techniques, etc. On commence, encore une fois, par établir quelques règles de “vocabulaire commun”.

Finalement, la journée s’est achevée avec la découverte de ces 5 saynètes naissantes. Début de stress pour plusieurs étudiants qui ont appréhendé une nouvelle méthode de travail; une vision plus élargie de la comédie musicale; des exercices dont les intentions sont résolument tournées vers le bénéfice du spectacle, avec une place secondaire pour les desiderata individuels.

Un beau défi relevé par nous, animateurs, et bien sûr par les étudiants, pour lesquels le challenge de base a été d’apprendre à faire confiance à leur trio d’animateurs et à eux-mêmes en tant que “visionnaires” 🙂

Il est 1h35 du matin, défi du 1er jour relevé 😉