Le plus important c’est de démarrer.

On entend ça souvent. Et je comprends pourquoi. Mais parfois je me demande si je n’ai pas dépassé cette étape de ma vie. Avant, il fallait « me lancer », ai-je l’impression. Maintenant, il faut « les guts » pour arriver au bout.

Je ne suis pas un finisseur. Je suis un reliseur. Je suis un perfectionniste et rarement complètement satisfait. J’ai beaucoup de projets en tête mais je n’arrive plus à les lancer, ne serait-ce que par peur du temps qu’ils vont me prendre (et là, je ne parle bien sûr pas de l’artistique mais de tout l’à-côté; la production, la communication, la recherche de fonds, la coordination d’agendas, et cetera et cetera…). En effet, si l’un d’eux venait à me prendre beaucoup trop de temps, les autres en pâtiraient, non ? Vous me suivez ? Bien sûr, je vois le ridicule : je le sais, l’appréhende, le touche. Si on ne démarre rien, on ne finit rien non plus 🙂 C’est simple !

C’est donc pour ça que je fais une différence entre « avant » et « nowadays ». Avant (quoi… il y a dix ans?) il s’agissait vraiment d’une peur de se lancer… maintenant il s’agit d’une peur de ne pas terminer. Car oui, cela s’est déjà produit ces dernières années… et en cette fin d’année 2020, plus que jamais. Je déteste ne pas finir un projet. Quelle jubilation dans ce métier du show-business que de commencer quelque chose, dès l’infime idée, les premiers mots, le brainstorming, l’inspiration génitrice… et de le mener à bien jusqu’au dernier rideau !

Mais … 2020 disais-je. Entre les reports d’un an, les contrats qui disparaissent, des projets mis de force au tiroir (par annulation ou même par brouille avec une amie, sur fond de débat anti/pro-masque), comment ne pas avoir peur de lancer un projet ?

Bien sûr d’un côté, il y a la plainte, et de l’autre il y a la réactivité. J’ai énormément de mal à partager le positivisme que beaucoup d’artistes ont montré pendant le(s) confinement(s). Le partage incessant des talents m’a épuisé, en fait. L’un chante, l’autre fait des pirouettes; la collègue danse dans son salon, l’ami se met à dessiner; les chanteurs connus font des live sur Insta… et les moins connus aussi finalement. J’ai tellement de mal à me situer là-dedans. Qui suis-je pour faire ça ? Est-ce l’essence de l’artiste que de partager ? Est-ce que l’image du créateur romantique isolé dans sa tour d’ivoire est à ce point démodée (ou inutile?) (ou d’un autre temps simplement?) que celui qui s’isole ne puisse être qu’un gros con, en réalité ? Le fait de ne pas partager son art est-il prétentieux ? Est-ce que, de toute façon, les réseaux sociaux et notre société n’ont pas un problème de définition de ce qu’est l’ART avec un grand A ? Ou n’est-ce que moi ? Est-ce que, d’ailleurs, j’en fais, de l’art ? J’en écris ?

Photo by Paolo Nicolello on Unsplash

Confinement, productivité et inspiration

On m’a déjà demandé, pendant le premier confinement : « Alors, comme tu ne peux pas jouer, j’imagine que tu écris? »

Par orgueil, j’ai répondu « oui ». Orgueil ou par manque d’humilité ? Ou peur ? Peur de quoi ? Du jugement ? De moi-même ? Tous ces artistes explosent de créativité sur Facebook et toi, tu n’écris pas ? Tu te contentes de profiter d’avoir le temps, pour une fois ?

Oui… Mais aussi de découvrir de nouvelles formations, d’enterrer définitivement de vieux projets, d’en faire d’autres… d’améliorer mes connaissances numériques, de me rendre compte que la vie sous le même toit que mon compagnon semble possible, … Mais non, je n’écris pas.

En fait, c’est faux. J’ai bien eu des « commandes » pendant ce confinement. J’ai donc écrit ET composé. J’ai aussi continué une écriture collective (avec l’amie dont je vous parlais) mais pour finalement la mettre de côté car la guerre d’égo a remplacé la guerre des mots (tout ça pour ça…).

Mais aucune ancienne idée n’est ressortie d’un tiroir. Aucune envie enfouie n’a été assouvie. Aucun début de chanson n’a trouvé sa suite.

Une amie m’a dit : « si après ce confinement, on n’a pas trouvé le temps de finir les projets en cours, alors il faut définitivement les jeter à la poubelle ».

Pleine de bon sens 🙂

Mais l’inspiration, alors ? L’envie d’écrire ? L’envie de s’y mettre ? L’impression d’avoir quelque chose à dire d’intéressant ? On fait quoi de tout ça ? C’est facile de dire « j’écris des spectacles »… mais en réalité !? Pourquoi le tiroir est-il plein… mais les arrivées sur scène rares ?

Nouveau défi

Mon challenge a commencé. Je démarre, de par cet article-même, le partage de ma nouvelle création en cours. Je range donc cet article dans la catégorie « défi ». Je veux que ce spectacle, cette série d’articles, cette recherche… soit terminée en juin 2021. Vous me sentez cap ou pas cap ?