L’expression n’est pas de moi. Je la tiens de l’une de mes profs de théâtre d’académie, Daphné Cornez. (Coucou 🙂 )

Comme son nom l’indique, le complexe des aisselles décrit le malaise ressenti par les comédiens amateurs dans leurs mouvements de bras.

En effet, avant même de prendre la parole, on peut voir qu’un acteur n’est pas à l’aise sur scène par la façon dont il se déplace et celle dont il meut le haut de son corps. Les bras ne bougent (presque) pas (ou l’inverse, ils bougent trop) et les mouvements semblent peu naturels.

Bien sûr, on travaille rarement un tel paramètre isolément du reste, mais c’est une question qui risque de vous être posée rapidement, si vous dirigez des acteurs : « qu’est-ce que je peux faire avec mes bras/mes mains ? »

C’est comme si le juste milieu (ni trop, ni trop peu) était un no man’s land inaccessible au commun des mortels…alors qu’on le vit tous les jours ! 🙂 (À nouveau, c’est un métier!)

Vos élèves ne savent pas quoi faire avec leurs bras ? Vous non plus ?

Voici 4 pistes pour trouver de l’aide 🙂


1. Filmez-les !

Bien sûr, comme dans tous les domaines, vous verrez certains élèves très à l’aise avec leur corps, très naturels et tant mieux. D’autres auront besoin d’un coup de pouce.

Leur dire n’est pas suffisant. Ce n’est pas pour rien qu’être comédien est un métier qui s’apprend.

Donnez-leur la possibilité de se rendre compte.

Organisez une répétition filmée, sans faire de commentaires désobligeants. Laissez-les eux-mêmes commenter l’action en visionnant le film par après. Ne leur permettez pas d’être trop durs avec les autres ni avec leur propre personne. Orientez la discussion ce qui est « bien » et ce qui est « à améliorer ».

Le travail devant miroir peut être utile également, mais cela dépend beaucoup de l’âge de la maturité du comédien.

coccinelles


2. Regardez faire les pros

Pourquoi ne pas emmener votre classe au théâtre durant l’année ? Si vous savez que vous allez les mettre sur scène au dernier trimestre, les faire asseoir dans un public au cours des premiers mois de l’année peut être une excellente idée ! Ce sera une opportunité d’observer, de commenter, de parler en classe de fond et de forme (ou par exemple, d’histoire et de visuel, pour les plus petits) et d’être attentif à la performance des comédiens.

Si vous ne pouvez malheureusement pas leur faire bénéficier d’un spectacle vivant, il y a toujours les vidéos de pièces ou même les films de cinéma. Youtube peut vous aider si vous n’avez pas de collection chez vous.

Tapez…

  • le style de pièce que vous souhaitez voir (comédie, tragédie, …)
  • ou le nom d’un auteur (Molière, Brecht,…)
  • ou même le nom d’un(e) humoriste (Florence Foresti est très bien pour l’exemple des aisselles décomplexées)

…et observez attentivement les résultats avant de leur proposer quelque chose qui leur soit vraiment utile.

Faites-leur remarquer que les personnages ont rarement les mains dans les poches, sauf quand ils sont très typés.

mariage

Si vous êtes prof de théâtre ou avez l’habitude de monter des spectacles (et que vos élèves sont motivés), vous savez que vous pouvez aller plus loin. Après avoir regardé une pièce ensemble en classe, demandez-leur de revoir la vidéo chez eux, en étant très attentifs au jeu d’acteur (les postures ; les déplacements ; les voix évidemment, si vous voulez aller plus loin que le travail du corps).

Si certains élèves se montrent SUPER PASSIONNÉS et que vous ne vous sentez pas capables de leur apprendre suffisamment, n’oubliez pas que c’est très important de leur proposer des cours extra-scolaires avec des profs spécialisés. Parlez-en aux élèves et/ou à leurs parents. Les vocations se découvrent souvent comme ça.


3. Commencez par un échauffement

 

Un bon échauffement est primordial à une bonne répétition. Qu’il soit vocal ou corporel en fonction de votre travail, il permettra d’abord aux étudiants de ne pas se blesser. Nous verrons dans un article dédié quelques exercices basiques d’échauffement que vous pourrez appliquer à la lettre.

En plus de réchauffer et détendre les muscles, l’échauffement peut être orienté vers la thématique du jour. Même si vous ne révélez pas aux élèves que vous allez vous concentrer sur la libération des bras, vous pouvez leur faire progressivement prendre des positions bien réfléchies à l’avance.

Mimer un oiseau, un fantôme, un avion, Superman, Musclor, un tennisman, … Autant de choses ou de personnages qui peuvent vous/les aider.

4. N’oubliez pas le déo

 

Ça paraît bête comme ça, mais cela m’est déjà arrivé plusieurs fois avec des ados. Certaines personnes sécrètent des odeurs plus puissantes que d’autres, ou même simplement davantage de sueur, même non odorante. L’adolescence est typiquement le moment de la vie où l’enfant s’en rend compte (ou le moment où cela commence) et tous ne le vivent pas bien.

Comme je vous le dis, ça m’est arrivé plusieurs fois et c’est toujours par après que j’ai compris que l’élève était très gêné par ses sécrétions 🙂

Un mot discret aux parents, ou simplement un avertissement à l’ensemble des élèves : un spray déodorant est disponible dans un coin de la classe pour qui le souhaite, c’est « votre tradition » quand on bouge dans la classe. Préférez le bio et ouvrez les fenêtres 🙂

Si vous êtes prof de théâtre et que vous donnez cours à des ados, pourquoi ne pas inclure un stick déodorant sur la liste du matériel de l’année à avoir à chaque leçon ? De cette façon, les parents auront choisi celui qui leur convient et pas de problème de réaction allergique ou autre… Enfin moi je dis ça… C’est une idée comme une autre 😉

 


5. Derniers trucs

D’autres petits trucs existent et vous pouvez en parler aux élèves si vous voulez aller plus loin.

  • Essayer de s’auto-observer pendant une conversation de la vie En général, que font les bras/les mains ? C’est plus difficile qu’on ne le pense car on perd parfois tout son naturel quand on l’amène à la conscience J Ah… le cerveau humain !
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    Ceci pour dire que le corps est un soutien à ce que l’esprit veut exprimer. Quand on parle, on veut avoir raison / réprimander / se montrer froid / se montrer affectueux / montrer une autorité. L’intention est importante ; c’est elle, l’essence de notre communication non-verbale.
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  • Passer en revue les émotions du texte (celles du personnage, celles que l’acteur ressent également) et voir où elles s’expriment naturellement : le cœur, l’estomac, les intestins, la tête, … Rarement les bras, finalement. Vivre les émotions sincèrement permet souvent de se détacher d’une concentration trop grande et contre-productive sur une partie du corps qui pose question. C’est pourquoi je vous parlais plus haut d’exercices ou d’échauffements basés sur la libération du corps mais dont vous ne dévoilez pas les buts !
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  • Si rien ne fonctionne (pour l’instant), vous pouvez toujours donner quelque chose à faire pour occuper les mains de votre comédien en herbe : la vaisselle, fumer (ou pas…), coiffer un client, coudre, écrire, etc. Mais attention, partez du principe que chaque mouvement doit avoir une signification. Trop de mouvement distraient le spectateur sans raison. Une rumeur dit que dans les vieux films, on occupait les mains des acteurs en leur mettant une cigarette entre les doigts… Comme quoi, ce n’est pas un nouveau problème.


Filmer, regarder les pros, s’échauffer, désodoriser…

Ce n’est que le début ! Mais un bon début pour conscientiser les élèves et tenter doucement de corriger les inhibitions. Alors… Trois, deux, un … HAUT LES MAINS !

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haut-les-mains

Et vous ? À l’aise avec vos dessous de bras ? 😉

Sébastien

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Crédits photos :

femme noir et blanc : Philippe Moreau Chevrolet
coccinelle : kidgrifter
mariage : David Jubert
médiévales : Thomas Le Floc’H
flèche : Frank Kovalchek
haut les mains : Brnopolis