DSC00223

SONY DSC

.

Vous aussi, vous galérez pour trouver une musique de scène qui corresponde parfaitement à votre tableau ?

.

Votre troupe (ou votre classe) est censée illustrer un moment de joie intense (ou de tristesse, ou d’amour, …) dans l’histoire. Ils le font en dansant, en mimant, ou même en jouant « simplement » la comédie, avec des mots. Mais voilà, vous hésitez beaucoup (beaucoup !) sur le choix de la musique.

.

  • Peut-être que vos propres écoutes ne sont pas très éclectiques (qui vous en voudra ? on a le droit d’avoir un style préféré, non ?)…
    .
  • Peut-être ne savez-vous pas où chercher…
    .
  • Ou encore vous n’arrivez simplement pas à vous décider…

.

D’ailleurs, c’est une tâche que vous avez l’habitude de déléguer à votre mari/papa/collègue/fils/etc. Cette fois-ci, vous devez vous débrouiller tout(e) seul(e)…

.

Si vous vous êtes reconnu(e) dans cette description, la suite est pour vous : c’est parti ! 🙂 Regardons comment faire peser la balance en se posant 3 questions essentielles.

.

.

1. Avec ou sans paroles ? (LA TECHNIQUE)

.

C’est la première chose à choisir. À priori, on pourrait dire que la recette est simple :

.

  • si les comédiens parlent sur la musique : pas de parole
    (donc pas de chanson).
  • si les comédiens ne parlent pas : paroles envisageables.

.

paroles

.

Il peut y avoir des exceptions.

.

Exemple : les films. Il n’est pas rare du tout d’y rencontrer des dialogues sur de la musique chantée.

Le premier exemple que j’ai en tête : les comédies romantiques ou les films pour adolescents. C’est d’ailleurs logique : un tube mis en avant dans un film redouble l’intérêt du spectateur ciblé, qui s’y reconnaît : c’est du marketing. C’est vrai que souvent, l’insertion se fait dans une ellipse sans dialogue (un passage du film où le temps défile plus rapidement), mais parfois carrément pendant une scène parlée.

.

Notez toutefois que…

.

  1. Même quand ça arrive, cela ne dure généralement pas longtemps. Le chant en-dessous des dialogues, c’est vite lassant pour les oreilles.
    .
  2. Le travail typiquement filmique (pré- et post-production) rend la chose plus aisée que dans un contexte de spectacle vivant, surtout si la musique est jouée en live par des musiciens.

.

Vous pouvez donc bien retenir le premier conseil en bleu.

.

.

2. Vérifiez le message (LA COHÉRENCE)

.

Votre choix dépendra toujours de la réponse à la question suivante :

Voulez-vous que la musique elle-même transmette un message au public ?

.

C’est très important car cela revient presque à vous poser « à nouveau » la question précédente (avec ou sans paroles ?) dans le sens où le contexte de certaines mélodies parle de lui-même. Il peut donc détourner vos spectateurs du véritable message que vous voulez passer.

.

Je m’explique en 2 exemples :

.

  • Exemple 1 : avec paroles

.

Une superbe scène d’amour. Deux amants éperdument épris l’un de l’autre sur scène. Lumière tamisée et tout et tout… et… vous adorez Toni Braxton. Why not ?

.

Vous choisissez « Unbreak my heart » en fond sonore.
.

.

Sauf qu’avec des paroles comme Recolle mon cœur, dis-moi que tu m’aimeras encore…, vous faites passer un tout autre message au public que « tout va bien, ils s’aiment ». On a plutôt l’impression qu’il y a toujours de l’orage dans l’air après une ancienne altercation. Ne partez jamais du principe que le spectateur n’y fera pas attention ; surtout si c’est une langue aussi connue que l’anglais. (Bien sûr, même topo pour une chanson dans la langue maternelle du public, à priori le français).

.

.

.

1er conseil donc, vérifiez le message des paroles.

.
.

  • Exemple 2 : sans paroles

.

Nous le verrons bientôt sur ce blog, il existe des milliards de possibilités dans la musique instrumentale. Imaginons que vous choisissiez l’opus 30 de Richard Strauss « Also Sprach Zarathustra”. Une grande partie du public va automatiquement penser au film 2001, Odyssée de l’Espace, à ses singes et son robot Hal. C’est affolant, un film de 1968… mais c’est comme ça 🙂 The Power of Music 🙂

.

planete-bleue

.
Vous pouvez souhaiter cette référence (jouer avec la mémoire du public) ou justement l’éviter et choisir quelque chose de plus neutre.

.

2ème conseil : vérifiez si l’œuvre n’est pas associée à un souvenir
(à un film, assez souvent).

.

.

3. Vérifiez l’époque (LA FIDÉLITÉ)

.

Alors, ce point 3 n’est pas obligatoire. Il l’est si votre spectacle est situé historiquement et si vous avez décidé d’illustrer fidèlement les époques représentées.

.

Imaginons que votre scène se passe au Moyen-Âge, vous vous dites « cherchons un compositeur du Moyen-Âge et hop ! ».

.

La démarche est bonne ! Mais pas complète… Le Moyen-Âge s’étend quand même sur 1000 ans : avouez qu’il y a beaucoup de risques de ne pas viser juste.

.

Vous avez choisi Philippe de Vitry. Bon choix 🙂

https://www.youtube.com/watch?v=hpaZRW9A80s

.

Un jour, en répétitions, vous réalisez que l’un de vos personnages évoque le début de la troisième croisade de Richard Cœur de Lion. Une simple réplique qui vous avait échappé auparavant.

.

Bon, eh bien le calcul est simple :

  • Richard Ier : 1157-1199
  • Philippe de Vitry : 1302-1357

.

instrument-medieval

.

Vos personnages n’ont donc pas pu entendre l’Ars Nova de ce cher Philippe. Trop tard, vous avez déjà complètement chorégraphié la scène…

.

On est d’accord, cette subtilité échappera à la majorité de l’audience (quoique, si vous montez un spectacle sur le Moyen-Âge, il y a des chances que des experts viennent y assister) mais c’est dommage pour tous ceux qui l’entendront. De plus, vous ratez ainsi votre mission pédagogique : après tout, c’est vous qui montez le show, on est en droit de s’attendre à ce que vous ayez fait quelques recherches.
.
Dans un autre article, nous verrons aussi que votre choix dépendra du caractère diégétique ou extra-diégétique de la musique de votre scène ; deux mots bizarres pour dire que les personnages entendent eux-mêmes la musique ou pas. Mais une chose à la fois 🙂

.

.

4. Quelle émotion cherchez-vous à provoquer ? (LE RESSENTI)

.

.

C’est sans doute la question que vous allez vous poser en premier, c’est pourquoi je la mets en dernière position 🙂

.

Bien sûr que c’est l’essentiel de votre réflexion. Cela dit, n’oubliez pas les messages cachés (voir point 2) et les émotions ambiguës qu’une musique peut provoquer.

.

Comme nous l’avons vu plus haut, vous pouvez communiquer avec le public grâce à vos choix musicaux.

.

Cette illustration devrait vous rappeler quelque chose :

.

  1. Un serial killer met la ville en émoi. La police ne parvient pas à mettre la main sur le tueur et personne ne sait quand il va frapper à nouveau. Décision du réalisateur : la musique accompagne la peur du spectateur via le suspense… thriller/épouvante.

Ça donne ça :

.

  1. Maintenant, un gang de délinquants s’amuse à violer les femmes et à violenter tout ceux qui les contrarient sur leur passage. Décision du réalisateur : la musique ne crée pas de suspense, on cherche à déranger ou à interroger le spectateur…avec du Rossini ! Ça donne ça (attention c’est suffisant pour choquer les âmes sensibles) :
    .

.

Dans les deux cas, on a un tueur mais le « message voulu » est très différent donc l’émotion ressentie l’est également ! The Power of Music ! À vous de voir ce que vous voulez faire passer.

.

.

Quelles sont les émotions de bases ? Rappel :emotions

  • Joie
  • Tristesse
  • Peur
  • Colère
  • Dégoût
  • Surprise

.

.

.

Mais là, on entre dans le vif des futurs articles, où nous dresserons des listes ensemble ! Nous verrons comment trouver LA chanson ou LA musique instrumentale qu’il vous faut ; nous ferons un point sur diégétique/extra-diégétique, etc.

.

.

À bientôt donc 😉

****************

Photos :

Emotions : krisiGee

Instrument médiéval : Hans Splinter

Planète bleue : NASA Goddard Space Flight Center

Paroles : UnknownNet Photography

Cds : Holger Lückerath