Spectacle en école supérieure ou université (non artistique)

Découpons ensemble cette dénomination d’école non artistique, voulez-vous ?

Non Artistique ! Commençons par là. Avant de vous lancer, imprégnez-vous bien du “non artistique” puisque vous aurez affaire à des musiciens amateurs, des comédiens amateurs et autres danseurs en herbe.

C’est le début de notre intitulé, “école supérieure”, qui va révéler son lot de surprises.

En effet, certains de vos étudiants ont peut-être pratiqué la danse pendant 10 ans. D’autres ont peut-être joué du piano pendant 12 ans. D’autres encore pourront maîtriser parfaitement le répertoire de Shakespeare où seront des experts en histoire de la musique.

En gros, avec de jeunes adultes, vous ne pouvez pas correctement préparer les ateliers sans connaître un minimum les étudiants. Vous aurez des débutants dans certaines branches, c’est sûr, mais peut-être aussi des experts dans d’autres !

Organisez une journée (ou demi-journée) de rencontres, où chacun détaille ses attentes, ses compétences, et toute autre information pouvant se révéler utile pour le spectacle.

Croyez-moi, quand je dis “ATTENTES”, c’est LA chose à garder dans un coin de la tête pendant toute la durée de préparation.  Ils sont jeunes. La plupart savent ce qu’ils veulent mais pour la majorité, ils savent surtout ce qu’ils ne veulent pas ! Inutile d’essayer de leur faire avaler du Jacques Brel si votre public est à fond sur Kendji Girac (et inversement).

Soyons tout de suite pragmatique ! Faire connaissance avec le groupe, c’est pouvoir vous demander : “Suis-je la bonne personne pour cet atelier ?”

Par exemple, si vous ne connaissez pas le sus-cité Kendji, il vous est toujours loisible de faire des recherches et de vous “glisser dans le mood” de vos élèves. Par contre, si vous êtes le roi du Break-Dance et que les danseurs face à vous veulent travailler sur les pas de deux, il faudra peut-être faire plutôt un pas de côté.

Bien sûr, avant de consacrer toute une après-midi de réunion au bout de laquelle vous déciderez d’orienter la “classe” vers l’un de vos collègues, prenez quelques infos au préalable ! C’est rare qu’un break-dancer soit contacté pour chorégraphier de la danse classique (sauf si le projet fait appel à cette originalité) mais ça peut arriver. Mettons que la personne qui “organise” la préparation du spectacle a reçu votre numéro de téléphone parce que vous êtes “danseur”… si cette personne ne connaît pas la différence entre un AirFlare et un Entrechat, votre demande concernant l’identité des élèves tombera à point.

Le but de la réunion est en fait de vous confronter aux réelles attentes des jeunes adultes. Vous vous rendez compte qu’ils veulent une tragédie et ce n’est vraiment pas votre truc ? Alors cédez simplement la place. Quelqu’un d’autre les animera avec passion dans cette branche.

Bien sûr, en fonction des finances de l’institution, vous pourrez opter pour des solutions moins radicales et choisir de vous entourer. J’en parlerai plus loin.

Deux principales formules de travail possibles

  1. Formule Création

    Les élèves écrivent le show. L’histoire sera soit originale, soit une reprise ou adaptation.

    Vous pourrez décider d’étaler le travail sur toute une année (attention rappel, ils sont à l’université et leurs horaires ne sont pas simples : c’est certain que tous les intéressés ne seront pas libres le même jour chaque semaine ou chaque quinzaine pendant toute une année scolaire), ou alors faire une semaine intensive où le focus des participants sera à son comble durant quelques jours très denses.

    Si ça vous intéresse, vous pouvez lire 5 articles qui font partie de mon défi numéro 1. J’ai résumé quotidiennement une semaine de création, avec les élèves d’une école supérieure de Liège en janvier 2016.

  2. Formule Already Made

Comme d’hab, quand il s’agit d’usage “pédagogique”, les problèmes liés aux droits d’auteur sont considérablement réduits. En fonction de l’endroit où se donnera le concert ou la pièce, il ne faudra peut-être pas payer de copyright du tout. Une grosse épine du pied en moins… Quoi, ce n’est pas vous qui organisez l’aspect financier de ce show ? C’est encore mieux !

Exemples dans cette catégorie : une pièce de théâtre, un spectacle de danse déjà chorégraphié (une reprise de Béjart?), un concert ou encore… un cabaret !

Le “Cabaret” est souvent ce que les élèves du supérieur recherchent. Pourquoi ? Simple ! C’est LA formule qui permet à chacun d’exprimer amplement son potentiel (vocal, artistique,…). L’avantage des étudiants : le moins de concessions possible sur ce qu’ils veulent

Votre avantage ? Car oui, tout le monde gagne 🙂 C’est BEAUCOUP plus facile à organiser. Chaque “scène” ou chaque “chanson” ou chaque “ballet” peut se préparer indépendamment. Chaque numéro n’a de but que lui-même. Votre seule tâche sera de le rendre “le meilleur possible”. Même si un thème est imposé (les années 50, par exemple), la créativité des étudiants opère souvent bien assez que pour limiter fortement votre tâche. S’ils proposent un morceau, c’est qu’ils l’estiment présentable, non? Si vous avez un peu de temps pour faire de la mise en scène mais pas de la création; si vous ne vous sentez pas capable de gérer une création collective ou encore si vous ne voyez pas ce que vous pouvez monter avec des talents si diversifiés, optez pour le Cabaret !

Pour plus d’informations sur le cabaret et la forme “revue”, vous pourrez bientôt vous reporter à l’article ad hoc sur ce blog : “les ingrédients pour une formule Cabaret efficace” . J’y travaille  😉

Les attentes des étudiants, mais aussi de l’institution

Dans une école maternelle, primaire ou secondaire (collège, lycée), c’est la plupart du temps les professeurs internes qui mettent la main à la pâte pour créer un spectacle annuel. Les éducateurs pour tout-petits, notamment, sont formés pour encadrer une telle préparation. Plus on grimpe dans les âges des animés, plus il y a de chances que l’école fasse appel à quelqu’un d’extérieur.

Et si une institution supérieure fait appel à quelqu’un, elle attend une certaine qualification et un certain résultat sur scène. Soyez confiants, si vous êtes encore en train de lire ceci, vous avez la motivation nécessaire pour obtenir ces résultats.

En plus de satisfaire à l’école qui vous engage, vous devez nécessairement convenir aux étudiants à qui vous vous adressez. Là où les instituteurs/trices de l’école maternelle ont la relative sécurité d’être face à des enfants, l’animateur pour jeunes adultes doit montrer patte blanche et prouver qu’on l’a choisi pour une bonne raison. C’est là qu’il faut savoir bien s’entourer.

S’ils veulent un spectacle qui regroupe de la danse, du chant et du théâtre, vous devez être compétent dans ces trois domaines. Si vous ne l’êtes pas, il n’y a pas 1000 solutions. Demandez à l’école leur marge de manoeuvre financière et appelez des collègues animateurs. Pas de pression malsaine pour vous : chacun sa spécialité.

Attentes validées et élèves rencontrés : et après ?

L’enquête qui suit est la même pour tout type de spectacle.

  • Quel type de salle ?
  • Quel matériel ?
  • Quels accessoires indispensables, à priori ?
  • Quelle date ?
  • Combien de séances de travail (création) puis de répétitions (interprétation) ?
  • Quel savoir-faire ont les étudiants avec les micros ? (oui, cela s’apprend)
  • Est-ce un amateur ou un professionnel en régie ?
  • Y a-t-il seulement une régie ?

Si, en tant qu’animateur, on vous demande d’endosser la responsabilité complète du show (son organisation artistique globale), je vous invite à vous reporter à un livre qui porte sur le sujet. Vous porterez pas mal de casquettes : metteur en scène, régisseur, répétiteur, etc. N’hésitez pas à diversifier vos lectures.

Voici quelques exemples de bouquins que j’ai lus dans ce domaine. Ils sont en anglais et vous pourrez les trouver sur la page des résumés de livres. Don’t worry, j’ajouterai bientôt mes lectures francophones 🙂

The Complete Idiot’s Guide to Amateur Theatricals Paperback – September 5, 2006

Ce “guide pour les complets idiots” (référence à la série “pour les nuls”) vous expliquera les mailles de la production de show. Ici, il faut prendre “amateur” au sens de “non professionnel”. On pourrait le sous-titrer, en gros, “comment monter un show qui se respecte sans être une institution théâtrale installée sur la 42ème rue à New-York”. Aller à la page des résumés de livres

Technical Theater for Nontechnical People, 2nd Edition Paperback – April 1, 2004

Ce bouquin de Drew Campbell dresse la liste de tout ce qu’il faut savoir de technique quand on crée un spectacle et qu’on est pas “ingé son” ni “créateur lumière”. On y apprend les clés de la communication du théâtre; comment des corps de métier si différents (artistes, techniciens, …) peuvent se retrouver et se comprendre dans la machine compliquée que peut être un show. Aller à la page des résumés de livres

The Stage Management Handbook Paperback – April 15, 1992

Ce bouquin assez complet et bien illustré qui permet de revenir à l’essentiel du métier de “stage manager”, ou le régisseur général, en quelque sorte. Dans ce monde anglo-saxon, le “stage manager” est LA personne de référence quand la technique communique avec les artistes, et vice-versa. Elle est une magicienne indispensable pour le show. Aller à la page des résumés de livres

J’envisage de signer mes articles “SSS”, pour “spectacles scolaires Sébastien” … Comment ça vous n’aimez pas?

 

A très vite,

Sébastien

Crédits photos :
1 : MCAD Library
2 : Jeff Hitchcock
3 : Kwan Wallace
4 : University of Salford
5 : Rob Schofield