Voici la suite de mon défi « Résumé de ma semaine de création de spectacle avec des étudiants des écoles supérieures, 1 article par jour »

C’est en fait le 3ème jour de suite pour la troupe, mais les obligations professionnelles étant ce qu’elles sont, c’est le 2ème jour pour moi.

Le bug est arrivé quand nous avons bloqué, quelques étudiants et notre trio d’animateurs, sur la cohérence de la pièce.

Ce qui est compliqué, dans la création, ce n’est pas d’avoir des idées. En allumant les bonnes mèches, vous finissez toujours par avoir des pétarades d’idées, même avec des étudiants difficiles (ce qui n’était pas le cas ici pour nous).
Ce qui est difficile, c’est la congruence des idées entre elles.

Quand on cherche la cohérence du spectacle (à moins de faire une revue, une pièce à tiroirs, un cabaret, …), quand on veut raconter une histoire et que trente personnes réfléchissent ensemble à ses tenants et ses aboutissants, il faut beaucoup jeter à la poubelle.

Cette partie est très compliquée, autant pour les auteurs qui se voient frustrés, que pour les animateurs qui doivent maintenir l’esprit de groupe et tenter de ne vexer personne.

Pour être brièvement complet et donner un exemple :
Dans notre histoire, des figures légendaires dans un monde parallèle (comme la Mort elle-même) devaient faire un clip à diffuser sur internet pour s’assurer que les humains encore vivants les voyaient comme ils étaient vraiment, et pas comme ils se l’imaginaient, par exemple avec une cape et une faux.
Ce devait être notre trame principale, mais au gré de la relecture de tous les autres ingrédients (et croyez-le, il y en avait, des ingrédients!), il est apparu que cet argument n’avait pas de lien probant avec reste.Pour ne pas tout déconstruire au milieu de la semaine, nous sommes passés par un story-board clair, en imaginant tous les points que nous pouvions simplifier.

Rien que pour La Mort, un personnage somme toute complexe, nous avions à gérer une dispute de couple, une maîtresse, une mauvaise relation avec les parents, une déprime due à une entreprise qui tourne mal ainsi qu’un malêtre par rapport à la vision faussée des humains.

Figurez-vous qu’au final, tous ces ingrédients sont possiblement mettable dans la pièce, même créée avec des étudiants novices en dramaturgie, même en si peu de temps et sous pression. Le tout est de savoir lesquels sont les éléments essentiels à construire la trame.

Cette phase de réflexion s’est donc passée aujourd’hui, avec un peu de stress mais toujours, heureusement, une bonne humeur. Il n’y a rien à faire, les « blocages » sont presque obligatoires dans un processus de création rapide, et les risques qu’ils arrivent sont démultipliés pas le nombre de personnes qui réfléchissent.

Cela dit, animateurs, ne vous inquiétez pas trop. Plus il y a de têtes pensantes, plus il y a également de chances que l’une d’elles découvre une faille à temps. La principale difficulté est alors de considérer les remarques de tous (considérer, pas nécessairement accepter) mais de savoir où on veut mener sa troupe. Dans une démocratie, il faut un preneur de décisions. Elles doivent contenter un maximum mais ne peuvent être prises tous ensemble.

Deux conseils principaux à retirer de cette journée :

  • créez le plus vite possible un story-board, sur des feuilles : rien ne remplace le matériel, le visuel que l’on peut toucher, manipuler, changer de place, etc. Il donnera à toute l’équipe un plan clair des choses à améliorer et de ce qu’il se passe chronologiquement sur scène, pour alimenter l’écriture des dialogues.
  • Restez connectés: désignez, si vous le pouvez, une personne responsable pour rassembler tous les textes, toutes les idées, toutes les remises au propre de dialogues, de chansons, bref, tout ce qui s’écrit et se lit. Cela évite de devoir jongler avec des nuages comme dropbox connectés, d’autres pas; des versions corrigées sur un ordinateur mais pas sur un autre; des doublons dont on ne sait quel fichier est le plus récent… Bref : instaurez une méthode claire de fédération des écrits. Je consacrerai plus tard un article aux avantages et inconvénients des nouvelles technologies dans les créations collectives. Stay tuned 😉

A demain pour le jour 3 🙂

Sébastien