Cet article fait partie du  Défi Numéro 2 : 7 jours de « musicals » (comédies musicales) en vidéo et en mode « ce que peut nous apprendre ».

 

oklahomaOklahoma est un musical (comédie musicale) écrit par les deux responsables de la célèbre « Mélodie du Bonheur » (The Sound of Music), Rodgers et Hammerstein II. Vous situez ? C’était leur première collaboration. La création sur scène a eu lieu en 1943.

C’est l’époque où l’on commence à parler de « book musicals », c’est-à-dire des spectacles musicaux dont les paroles, le livret, la danse et la musique sont intimement liés pour former un récit bien construit, avec d’autres buts dramatiques que juste l’humour. Le musical ré-emprunte des codes à l’opéra, tout en lui laissant les règles qui ne l’arrangent pas.

Les innovations de ce « book musical » amènent notamment dans le show, en plus de la musique destinée aux chants, de la musique de fond jouée pendant les scènes parlées, dansées, etc. Tout s’imbrique !

Sans entrer dans les détails historiques, c’est de cette imbrication de tous les éléments dont j’aimerais parler.

 

Adaptations délicates

La musique de ces comédies musicales très complètes a été créée en collaboration avec le chorégraphe. C’est une première chose.

Sans interruption, la musique du spectacle passe d’un accompagnement de scène parlée à un début de chanson, enchaîne sur une longue danse, revient à la chanson, repasse momentanément par l’accompagnement de paroles, etc. et la conclut finalement en mêlant tous les ingrédients.

Bon courage pour extraire exactement ce que vous voulez garder de tels shows !

Pour moi, la solution la plus simple pour raccourcir et se passer de danseurs, par exemple, c’est de se baser sur les partitions ou les enregistrements qui condensent les scènes en simples chansons. En effet, il existe souvent plusieurs versions de ces airs de comédies musicales. La plupart sont trouvables en version « chanson » typique : couplets, refrains, point final. A chercher dans une bonne librairie musicale ou parfois, sur le CD même du spectacle, adapté à une écoute de 70 minutes.

Cela étant dit …

Si vous avez la troupe parfaite qui chante, joue, parle, danse, … alors essayez de faire au moins un numéro dans la configuration originale de la pièce, vous allez voir comme c’est drôle de créer de petites séquences complètes (oui et ça prend du temps aussi !) Exemple tiré de la version que j’ai vue, celle du revival (reprise) de 1998, avec Hugh Jackman (qu’on ne voit pas dans cet extrait :

 

Un peu vieux-jeu

Eh oui, 1943 ça date déjà un peu… et l’histoire décrite se déroule en 1906, ça ne nous rajeunit pas 😉

La musique est toutefois éternelle, les paroles sont toujours délicieuses ; si l’on parle juste de Oklahoma, difficile d’être embêté par le caractère ancien de la pièce.

Néanmoins, certains ingrédients de cette comédie musicale se retrouvent dans quelques autres spectacles plus ou moins connus et méritent d’être cités.

La condition des femmes et des « étrangers »

Les plus féministes d’entre nous s’arracheront les cheveux dans certaines pièces aux relents machistes du passé. Les partisans des droits de l’homme feront de même. Les clichés sur les femmes, les étrangers, les homos parfois, sont légion dans les écritures du passé (et toujours fréquents à notre époque, mais ça c’est un autre débat).

Les choix à prendre sont les mêmes que ceux auxquels sont confrontés les productions professionnelles : « Jusqu’où peut-on adapter pour respecter la vision des auteurs ? », « Faut-il d’ailleurs adapter ? ».

Quand la BD de Hergé Tintin au Congo a été taxée de « raciste » en 2011, la justice belge a lavé l’album de toute accusation en rappelant qu’il fallait remettre les choses dans leur contexte (historique).

A vous de décider, donc, jusqu’où aller dans l’interprétation des visions du passé. Si vos élèves sont des enfants ou des adolescents, il peut même être intéressant de jouer les pièces un peu rétrogrades telles quelles et d’accompagner les répétitions de petites leçons sur le contexte historique et, par exemple, sur l’histoire des droits de la femme. Vous pouvez même imaginer de donner cette leçon au public avant ou pendant le spectacle (je déconseille de le faire après) ! (Ceci pourrait vous ôter une crainte de mauvaise réaction des parents).

Que faire de l’Ouverture ?

Si vous optez pour une comédie musicale « traditionnelle », qu’elle soit en anglais ou en français, quelle place pensez-vous accorder à l’ouverture, cette pièce instrumentale qui ouvre le show, comme son nom l’indique ?

Si vous avez la chance d’avoir plusieurs musiciens live, je vous suggèrerais de la donner en entier, comme prévu par les auteur et compositeur. Le public en sera ravi.

Si vous n’avez qu’un pianiste, par contre, (et c’est déjà pas mal), envisagez dans quelle mesure l’intérêt reste présent. En effet, en plus de la présentation des thèmes musicaux du spectacle, l’orchestration est une grande part de l’intérêt du premier morceau instrumental.

Vous pouvez, par exemple, demander au pianiste de jouer l’ouverture pendant l’entrée du public dans la salle. Même chose si vous travaillez avec bandes son. Calculez alors le temps de l’ouverture pour l’enchaîner avec le début du spectacle, pour ne pas « laisser retomber la sauce ». Attention l’entrée d’un public dans une salle peut se révéler bien plus longue qu’on ne le penserait.

Si vous avez transformé la comédie musicale complète en un cabaret qui enchaîne simplement les chansons du spectacle, pensez alors à vous servir de cette ouverture pour accompagner et soutenir la première intervention du présentateur de la soirée ! Ça peut être sympa, non ?

 

 

Voilà voilà ! Quelques questions à se poser donc, quand on opte pour une comédie musicale traditionnelle :

  • L’imbrication de tous les éléments (chants, texte, danse) vous dérange-t-elle ?
  • Les codes moins politiquement corrects du passé sont-ils un frein pour vous ?
  • Comment vous servez-vous de l’ouverture instrumentale ?

 

On se croise demain pour la suite du défi « 7 jours de musicals » et ce qu’ils peuvent nous apprendre.

 

 

Bonne nuit 😉

Sébastien

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Crédit photo
Oklahoma : Portland Center Stage