On a beaucoup parlé des avantages du brouillard ou de la fumée (je pense que vous avez bien compris les utilisations), mais on n’a pas évoqué les inconvénients…et il y en a, même si l’effet brouillard reste le « must » pour « ambiancer » un spectacle. Voici un petit résumé.

 

Plan de l’article (si vous voulez aller vite)

a.     La santé

–       2 types de liquide, 2 types de machine
–       Le glycol et l’huile minérale, c’est quoi ?

o   Le propylène-glycol
o   L’huile minérale
o   Comment choisir entre les deux
(mon choix pour le spectacle scolaire : glycol)

–       Ce que disent les études
(en gros : non dangereux en respectant les normes, sauf pour les hypersensibles comme les asthmatiques).

–       Un exemple éclairant
–       Résumons (je vous offre une « marche à suivre » conseillée)

b.     La toux (pas normal)
c.      Les parasites dans la sono

d.     Les glissements
e.     Les détecteurs d’incendie
f.      Les rapports de recommandation

 

a. La santé

 

Vous êtes enseignant ou éducateur et donc responsable de la sécurité des élèves quand ils sont dans vos classes. Il en va de même quand vous organisez un show. Dès lors, vous vous êtes peut-être déjà demandé si le fumigène, ami indispensable des salles de spectacle, était bien inoffensif pour les enfants.

Tentative de réponse.

Même s’il n’y a pas d’énormes dangers, il est toujours bon de savoir de quoi est faite la fumée, si certaines personnes y seront sensibles, etc. Ne serait-ce que pour pouvoir répondre à des parents inquiets, par exemple.

2 types de liquide et 2 types de machine

On distingue deux principaux types de « fumée » du point de vue de leur composition. Les machines à fumée (fog) utilisent principalement un liquide à base d’eau et de glycol. Les machines à brouillard (haze) utilisent soit ce même liquide (dosé différemment pour faire du brouillard aux particules plus fines, mais parfois c’est le fonctionnement de la machine qui diffère également), soit un liquide à base d’huile minérale.

Tandis que le premier liquide (eau et glycol) s’évapore dans l’air suite à un réchauffement via la machine, le second est en fait comme « cassé » en fine particules de brouillard, par l’effet de l’électricité ou du CO2 compressé dans la pompe de la machine. On dit que le liquide est « atomisé ». Dans ce cas, pas de besoin de temps de chauffe pour fonctionner, ni de temps de refroidissement après avoir pressé le bouton off.

Note supplémentaire : il n’y a pas si longtemps, de nombreux spectacles amateurs utilisaient un produit à base d’huile minérale que des personnes chauffaient dans des casseroles. Un système qui a été prouvé très toxique ! Attention donc si on vous conseille un bricolage du même genre. Les produits à base d’huile ne se chauffent pas !

Le glycol et l’huile minérale…c’est quoi ?

On va un peu s’éloigner des machines elles-mêmes. Voyons ce que c’est que le « fog juice » (jus de brouillard, comme l’appellent les Américains).

Le propylène-Glycol

Note : à ne pas confondre avec éthylène-glycol : très toxique !

Alors…Selon wikipédia (accrochez-vous !)…

Le propylène glycol (PG) ou propane-1,2-diol appelé aussi 1,2-dihydroxypropane, méthyl glycol est un diol utilisé dans de nombreux usages industriels et pharmaceutiques ou agropharmaceutiques (solvant de pesticides), à faible dose comme additif alimentaire et depuis peu dans les cigarettes électroniques (liquide à vapoter). Il est issu à faible coût de la carbochimie, et généralement de la pétrochimie.

Le propylène-glycol est obtenu à partir de la réaction de l’oxyde de propylène avec l’eau pour former du monopropylène glycol (MPG), les réactions ultérieures produisant des di-(DPG), tri-(TPG) et autres propylène-glycols.

Si, comme pour moi, c’est déjà tout juste au niveau de la compréhension, sachez seulement que l’article wikipédia  est bien documenté, cite ses sources et se montre rassurant :

  • non cancérogène
  • non toxique à faible dose
  • pas ou peu irritant pour la peau (sauf allergies)
  • pas d’effet génotoxique
  • pas d’effet sur le système reproducteur

Beaucoup de confirmations positives, donc.

propylene-glycol

On y trouve cependant des points négatifs. On peut y lire premièrement que le produit est très irritant pour les yeux (on comprend dès lors qu’il faut acheter des produits homologués) et deuxièmement…qu’il n’existe pas de valeur limite d’exposition professionnelle dans l’air en UE ou aux USA, selon un rapport INRS de 1994. En cliquant sur la fiche INRS correspondante, on voit que dans l’update de 2010, le Royaume Uni est le seul pays à avoir apparemment fixé une limite légale.

Le produit en lui-même (glycol) est donc utilisé dans la nourriture, dans les cosmétiques, dans les vêtements, etc. Il est prouvé non toxique et non dangereux par des organismes comme l’Organisation Mondiale de la Santé. Cela dit, comme certaines autres organisations s’en méfient toujours (surtout les défenseurs des produits naturels, auxquels j’essaie de faire partie), il est conseillé de ne pas l’utiliser en quantité. On ne parle plus de fumée de spectacle ici, mais bien de produits de consommation de tous les jours.

Bonne nouvelle pour les lecteurs du vieux continent, l’Europe est déjà un peu plus sévère que le reste du monde sur le nombre d’aliments qui peuvent en contenir. Pour le non-alimentaire, vous pouvez toujours éviter le diol en achetant vos shampooings, dentifrices, poudres à lessiver, couleurs pour cheveux, bulles de bain, savons (etc.) « sans propylène-glycol ». (Voir l’article https://www.naturalnews.com/023138_propylene_glycol_products_natural.html ). C’est le genre d’achat que l’on peut faire dans un bon magasin bio 😉

 

Bref, pour la fumée au spectacle de l’école, rien d’inquiétant.

 

L’huile minérale

Selon wikipédia,

Une huile minérale est un mélange issu de la distillation de certains combustibles fossiles. Du point de vue chimique, ce liquide est composé principalement d’alcanes en C15-C40 (comportant entre 15 et 40 atomes de carbone).

Comme pour le glycol, on utilise les huiles minérales dans les cosmétiques et dans l’industrie alimentaire (additifs). Est-ce suffisant pour ne pas s’en méfier ?

Selon Smokesmachine.net, les machines à l’huile minérale sont moins toxiques que celle à base d’eau/glycol car le temps de suspension des particules est beaucoup plus long : il faut donc beaucoup moins de produit dans l’air que pour les machine fonctionnant à base d’eau/glycol.

Ils disent également que le feedback des consommateurs montre que les personnes souffrant de problèmes respiratoires se sentent moins souvent irritées avec le produit à l’huile.

haze

Comment choisir entre les deux ?

Beaucoup de « créateurs lumières » et de techniciens préfèreraient les produits à base d’huile. C’est ce qui ressort en tout cas sur tous les forums de discussion. Les particules resteraient plus longtemps dans l’air et l’effet serait meilleur, peu importe les deux inconvénients souvent cités qui sont…

1/ La pellicule huileuse que l’on retrouve sur toutes les surfaces proches, une fois le concert terminé. Je dis bien « concert » car dans le cas des spectacles de Broadway, par exemple, une limite d’utilisation est clairement indiquée dans le manuel de la machine (le DF 50 ou le American DJ Haze Generator). Du fait d’un plus grand et plus long maintien des particules dans l’air, les constructeurs conseillent de ne pas laisser la machine allumée mais de fonctionner par intermittence (difficilement réalisable avec une machine à base d’eau/glycol car la fumée se dissipe plus vite, sauf machines et produits perfectionnés), ce qui éviterait les pellicules glissantes.

2/ Le bruit du compresseur. A éviter si l’on cherche un show très silencieux, quoique les plus récentes machines s’améliorent chaque année à ce niveau.

Le site Smokemachines.net met en évidence les mêmes atouts que les DeeJays. Il ajoute que la fumée à base d’huile résiste à de plus hautes températures. Elle est donc conseillée pour de grands shows utilisant des flammes (ou dans les laboratoires, entraînements de pompiers, etc.). La fumée à base d’eau s’évapore et disparaît à trop haute chaleur.

Et donc…

Je pense que les machines qui projettent les particules d’huile sont un bon investissement pour les DJs ou les professionnels du spectacle. Si j’étais technicien régisseur professionnel, je m’intéresserais même aux machines « combo », qui font à la fois fumée (fog) et brouillard (haze).

Les machines fonctionnant à base d’eau/glycol sont toutefois nettement plus abordables et conviennent à la plupart des situations de spectacle ou de divertissement, sans danger plus important. Les spectacles scolaires sont les parfaits exemples de shows ponctuels ; une ou deux fois l’an. C’est pourquoi je m’orienterais vers les machines évaporant le produit eau/glycol. Je choisirais sans doute, dans la plupart des cas, une machine à fumée, pouvant satisfaire à mes envies d’effets ponctuels mais assez puissante que pour servir de machine à brouillard avec un ventilateur si besoin.

Ce que disent les études

Nous pouvons nous baser sur plusieurs études américaines pour avoir un aperçu des impacts sur la santé des machines à fumée. Ces études sont souvent commissionnées par les syndicats des acteurs et n’ont pas empêché, jusque maintenant, une utilisation certaine des effets de brouillard dans les théâtres de Broadway. En lisant les détails ci-dessous, vous comprendrez néanmoins que les recommandations émanant des rapports ont sans doute réduit la nonchalance avec laquelle ils étaient traités auparavant (distance d’émission par rapport aux chanteurs, durée d’émission, direction du jet, informations obligatoires pour les chanteurs, etc.)

1ère étude

On retient celle du National Institute for Occupational Safety and Health qui se penchait sur les chanteurs de Broadway en 1994, et qui a conclu que les dégâts étaient limités à des irritations et des gorges sèches.

 

2ème étude

L’autre étude, menée en 2000 et commissionnée par le Actors’ Equity (syndicat des artistes très important aux Etats-Unis), montre qu’il n’y a pas de danger grave, seulement une possible irritation des muqueuses (les yeux et les voies respiratoires) en cas de pic d’exposition. Vous pouvez télécharger tout le rapport ici-même ! https://www.actorsequity.org/docs/safesan/finalreport.pdf

Ce rapport donne une série de conseils pour limiter au minimum les risques d’irritation, dans des shows où la fumée prend une place importante (Jekyll & Hyde, Les Misérables, Miss Saigon, Phantom of the Opera). Si vous voulez explorer ces conseils (il faudra vous munir d’appareils de mesure du taux de glycol par mètre cube !), rendez-vous dès la page 175 du rapport, point F.

(Au point f. de cet article, je rassemble pour vous les rapports de recommandations que j’ai trouvés, dont celui-ci, pour ceux d’entre vous qui seraient un peu plus « professionnels » dans le monde de la scène ou qui voudraient aller plus loin).

3ème étude

Enfin, pour être complet, on peut retenir une troisième étude, menée en 2005 par la School of Environment and Health at the University of British Columbia. En prenant comme échantillons les travailleurs de nombreux domaines du divertissement (théâtre, concerts, télévision, etc.), l’étude a déterminé que l’exposition cumulative au glycol et aux huiles minérales pouvaient être associées à des troubles respiratoires. Pour résumer ce que l’étude a associé :

  • Glycol à court terme : possible toux, gorge sèche, maux de têtes, vertiges, somnolences, fatigues.
  • Glycol à long terme : possibles problèmes respiratoires à court et long termes comme une respiration sifflante ou oppressée.

Je vous rappelle que ce sont les effets associés à de fortes ou longues expositions. Personnellement, j’ai déjà été plus effrayé devant la liste d’effets secondaires observés pour certains de mes médicaments. 😉

smoke-avertissement

Un exemple éclairant : Pamela Dale

https://www.sfgate.com/health/article/Voices-Fading-in-the-Fog-Performers-say-2969831.php#photo-2264937

Dans cet article très intéressant de 2001, une choriste de l’Opéra de San Francisco explique les problèmes de santé similaires à l’asthme qu’elle a développé au fil des ans, à cause de la fumée. Ses médecins lui ont diagnostiqué une hypersensibilité au glycol utilisé dans la machine et elle est dispensée de tous les spectacles qui utilisent le produit.

Les producteurs des machines et développeurs des liquides défendent pourtant ardemment leurs produits. « Des millions de personnes ont été exposées à ça pendant plus de vingt ans, sans incident. Je pense que cela parle de soi-même », a dit Eric Tishman, manager des produits de brouillard pour Rosco Laboratories Inc., le plus grand producteur mondial de machine à brouillard au glycol.

L’entreprise gagnait d’ailleurs en 1984 un Academy Award pour « le développement d’un fluide non-toxique qui simule le brouillard et la fumée ».

Dans l’article, on explique l’affaire en justice qui a opposé plusieurs plaintifs à la maison d’opéra. L’opéra de SF aurait d’abord écopé d’une amende de $2340 pour « sérieuse violation de la sécurité sur le lieu de travail ». Les points mis en cause concernaient notamment le « manque de formation à l’utilisation saine du brouillard pour le personnel » et « le non maintien de registres précis sur l’utilisation mesurée des brouillards ». Après un passage en appel, la condamnation a été rétrogradée à « violation générale » et le ticket réduit à $750. L’Administration de la Santé et de la Sécurité de Californie a estimé qu’il n’y avait pas de preuve suffisante du dommage sur les chanteurs.

Les responsables de l’opéra de SF communiquent néanmoins sur l’importance accordée aux chanteurs, dont la santé est primordiale. Ils ont notamment réduit l’émission de brouillard au minimum et ont autorisé les chanteurs « sensibles » à prendre congé des productions qui en utilisent, etc.

Pourquoi l’utilisent-ils toujours alors ? se demande-t-on. Parce que les cas de problèmes reportés sont très rares, les plaintes le sont encore plus. L’effet brouillard est indispensable dans beaucoup de productions. Les producteurs se basent aussi sur les études que nous avons citées, qui mettent en avant de simples « irritations et gorges sèches » dans les pics d’exposition.

Pour Monona Rossol, directrice de la sécurité pour l’Alliance Internationale des Employés du Théâtre à New York, il y a quand même un problème : « Une petite sécheresse de gorge, soir après soir, c’est une fin de carrière pour un chanteur d’opéra ! ».

Évidemment, la choriste Pamela Dale se sent bien démunie devant les producteurs d’opéras, de musicals et les laboratoires qui créent et vendent les produits au glycol. Elle fait visiblement partie d’une minorité qui souffre dans une majorité de millions de personnes qui font des shows, qui sortent en discothèque, qui organisent des soirées halloween sans problème.

Monona-Rossol

La fameuse Monona Rossol, LA personne de référence aux US pour la sécurité dans les lieux de travail du divertissement.


Résumons !

Comme cela fait beaucoup d’informations, je me permets de résumer. Je vous présente ci-dessous une marche à suivre point par point pour vous guider dans vos choix. Attention, ce n’est que mon avis personnel et il n’engage que moi. Je pars du principe que vous utiliserez une machine à évaporation de fluide eau/glycol.

 

  • 1.
    Achetez ou louez des produits réglementaires, si possible européens et donc conformes aux normes strictes de l’UE
    (c’est indiqué sur l’emballage). Il existe de nombreux sites internet vous expliquant comment fabriquer votre propre liquide à fumée, pour faire des économies. Ceci peut paraître évident pour beaucoup mais mon conseil sera : « faites des économies autrement ! » 😉 N’achetez pas non plus les sous-produits de marque blanche, moins chers. Choisissez le fluide qui correspond au type de machine (c’est très important pour puisqu’il existe deux types de fonctionnement mais aussi une température de vaporisation idéale pour chaque produit). Enfin, ne mélangez pas deux produits différents et n’ajoutez pas d’eau ou quoi que soit au liquide.

 

 

  • 2.
    Assurez-vous qu’aucun élève/comédien n’est sujet à l’asthme
    . Des millions de personnes sont exposées à ces fumées depuis trente ans sans graves incidents. L’effet faisant partie des entendements basiques du monde du spectacle, je me contenterais de vérifier si j’ai des sujets sensibles en classe. Assurez-vous aussi de n’utiliser les machines que dans des salles où l’aération est conforme aux normes de sécurité. Vérifiez aussi la présence d’extincteurs (équipement de sécurité obligatoire dans une salle de spectacle).

 

 

  • 3.
    Placez la machine à un endroit où les enfants ne vont pas être tentés de la toucher.
    Ils pourraient se brûler ou inhaler une trop grosse quantité de fumée d’un coup, ce qui n’est pas conseillé. Les enfants plus grands, les ados, les jeunes adultes peuvent simplement être avertis de ne pas se placer à côté de la machine pendant qu’elle fonctionne. Pensez aussi à placer l’engin intelligemment : évitez de l’orienter vers un endroit de passage ou d’attente des comédiens. Si vous avez besoin de la fumée à un endroit spécifique sur scène alors que la machine doit rester en coulisses, reportez-vous à la partie 5 de cette série d’articles, où je vous expose différents types d’utilisations. Pour info, la distance recommandée entre une personne et le jet varie de 50cm à 3 mètres. Consultez le mode d’emploi. Ne placez pas non plus la machine au-dessus du public : des gouttes brûlantes peuvent s’en échapper par condensation.

 

 

  • 4.
    Si vous souhaitez un effet « brouillard », enfumez la pièce/le hall à l’avance, de façon à ce que le brouillard soit bien installé avant que les enfants n’arrivent (le mode d’emploi vous indiquera combien de temps à l’avance). De cette manière, la machine ne fonctionnera plus que pour « entretenir » l’effet. D’une part, vous serez tranquillisé(e) en constatant que tout va bien, d’autre part, ça évite la réaction psychologique des enfants s’ils entrent dans une atmosphère brumeuse déjà préparée.

 

 

  • 5.
    Si un enfant tousse soudain pendant les répétitions ou le concert, isolez-le et demandez-lui ce qu’il ressent
    . Si c’est vraiment nécessaire, appelez un médecin. Les études ont montré que seuls les individus hypersensibles présentent des symptômes de gorge sèche et d’irritation après une exposition régulière (tous les soirs) au brouillard alors ne paniquez pas mais essayez de savoir ce que ressent l’interprète.

 

 

  • 6.
    Si plusieurs personnes se sentent incommodées ou si ça sent le brûlé, aérez bien la pièce, évacuez-la si possible et dispersez la fumée
    . En effet, ce n’est pas censé arriver. Il y a un risque que le problème soit dû à un produit périmé ou une surchauffe de la machine (qui brûle le produit plutôt que de l’évaporer). Vérifiez donc la machine ou faites-la vérifier par quelqu’un de compétent. Si elle est louée, téléphonez vite au magasin pour la remplacer en temps et en heure.L’autre risque est que votre troupe de chanteurs ne soit en train de tousser inutilement par effet psychologique. Le discernement ne sera pas facile mais sera indispensable.

 

 

 

  • 7.
    Avant le début du show, mettez un panneau à l’entrée de la salle de spectacle
    (comme ils le font maintenant à l’Opéra de San Francisco, d’après l’article précité). Indiquez simplement que le spectacle diffuse de la fumée réglementaire, et que le produit peut causer des irritations aux personnes hypersensibles comme les asthmatiques. Vous paraîtrez sérieux dans votre travail, éviterez les problèmes et pourrez toujours vous défendre au cas où…

 

 

Ceci serait donc ma méthode. N’hésitez pas à la changer selon vos impressions et votre type d’élèves. Vous pouvez, par exemple, décider d’avertir le public à l’avance. Faites-le alors sur la feuille que vous distribuez à la troupe, qui récapitule les rendez-vous de répètes et les accessoires à amener. La raison pour laquelle je ne le ferais pas c’est que certains parents pourraient prendre cet avertissement trop au sérieux et retirer leurs enfants du spectacle. Jamais je ne suis allé voir un show qui, au moment de réserver les places, m’a envoyé une notice d’avertissement. Le plus souvent, un panneau ou une voix-off prévient l’audience juste avant le lever de rideau; et plutôt pour les explosifs que pour la fumée, d’ailleurs.

b. La toux !

Cela revient à parler de santé une seconde fois…mais c’est un peu différent car en plus

d’inquiéter les interprètes, cela affecte la qualité du show. A nouveau, qu’est-ce qui peut déclencher une vague de toux dans la troupe ?

  • Un mauvais réglage
  • Un mauvais fonctionnement de l’appareil (surchauffe)
  • Une mauvaise utilisation du fluide (un mélange non autorisé ou un « sous-produit » bon marché)
  • Un effet psychologique

toux

c. Les parasites dans la sono

C’est aussi en fouillant les forums de discussion que j’ai remarqué que des techniciens ou des D-jays se plaignent des parasites dans la sono. Quand on parle de parasites ici, on évoque des interférences qui se répandent dans les câbles, pas de développements de petites bêtes qui grattent. 😉

Car oui, si vous travaillez dans une salle professionnelle et que l’équipe vous propose sa propre machine, il y a fort à parier qu’elle soit « commandée » à distance de la régie, via la même interface que les lumières (le DMX). Pas de panique, vous ne devez pas forcément retenir les termes techniques, sachez seulement qu’il est possible de commander la machine de manière très fiable depuis la table de commandes. Laissez faire les techniciens du show ! Ils sont vos amis (même s’ils boudent un peu parfois 😉 )

tabledemixage

d. Les glissements

Cela peut paraître bête, mais l’environnement proche de la machine peut se recouvrir d’une fiche couche humide et glissante. Une autre bonne raison de ne pas la mettre dans le chemin des interprètes.

Comme ce risque est plus accentué avec une machine qui « atomise » le fluide (que ce soit de l’huile minérale ou du mélange eau/glycol), il est carrément recommandé de ne pas utiliser ce type de machines aux endroits fréquentés par les interprètes ! En effet, comme le liquide flotte dans l’air par atomisation et non par évaporation, il aura tendance à plus vite se déposer en une fine pellicule glissante sur les surfaces environnantes.

slippery

e. Les détecteurs d’incendie

Eh oui, on n’y pense pas toujours mais un détecteur de fumée c’est fait pour… détecter la fumée ! Et vous avertir bien sûr ! Rien de tel qu’une puissante alarme déclenchée plusieurs fois dans la même soirée pour vous gâcher une répétition…ou pire, un spectacle ! Vous pourriez avoir à vérifier l’emplacement de ces détecteurs, les débrancher (avec l’approbation des pompiers !) ou les déplacer. Consultez le vendeur de la machine à fumée et le personnel de la salle de spectacle. Grâce à leur collaboration et celle des pompiers, vous pourrez tester votre machine au préalable et éviter les mauvaises surprises. C’est comme les avocats, ‘vaut mieux les voir avant pour éviter les problèmes après 😉

 

f. Les rapports de recommandations

Cet article s’adresse en premier lieu aux éducateurs, enseignants et tous les animateurs qui doivent prendre en charge un spectacle amateur…mais si, parce qu’il est très documenté, il vous a intéressé en tant que pro du spectacle (ou si vous voulez aller plus loin), je vous suggère (en plus de tous les liens de sources que je vais placer en quatrième partie de cette série), ces rapports de recommandation quant à l’utilisation de fumée sur scène.

En effet, j’ai bien dit plus haut qu’aucune limite légale de quantité de glycol ou d’huile minérale n’était fixée, sauf au Royaume Uni, mais des recommandations sont quand même trouvables.

Ce premier rapport fourni par le constructeur Lemaitre vous donne les quantités généralement approuvées aux USA et les méthodes de mesure.

En numéro 2, revoici le rapport de l’étude menée en 2000, sur le site de l’Actor’s Equity. Les conseils se trouvent à partir de la page 175.

En numéro 3, des recommandations en français sur le site du gouvernement de l’Ontario, au Canada. Cela pourra aider les moins polyglotes d’entre nous 😉

 

Ouf, eh bien voilà ! Ça valait le coup de s’y pencher un peu plus longuement.
Un peu plus complexe que je ne l’imaginais.

N’hésitez pas à laisser un commentaire
si vous avez des anecdotes à propos des machines à fumée 🙂

Dans la partie suivante de l’article (4/5),
nous verrons brièvement d’autres formes de fumée et de brouillard. A plus !

 

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Crédits photos :
rock enfumé Skulls ‘n’ Cows : Léo Parpais
propylene glycol : sbachtell
Christianssand String Swing Ensemble : kjeik
Jet de fumée : Peter Boden
Smoke notice :  Lis Ferla
Monona Rossol : jim hutchison
Toux :The Clear Communication People
Table de mixage : Stephan Geyer
Glissant ! : Dan Cederholm